N°22 : Fiat lux (Ombre et Lumière – volume 1)

Un frôlement dans les ténèbres, Emmanuel Guardiola

Entre novembre 2022 et juillet 2023, l’équipe menée par la Professeure Birgit Zimmer fabriqua le premier caisson d’isolation totale. Vu de l’extérieur, il ressemblait à un cube de métal de trois mètres de côté. La porte unique était épaisse comme celle d’un coffre-fort. Des couches de béton, de métal et de matériaux isolants en faisaient l’endroit le plus silencieux sur Terre. À l’intérieur, toutes les parois étaient couvertes de nanotubes de carbone d’un noir inédit. Un œil humain n’arrivait pas à percevoir la distance avec le sol, le plafond ou les murs. Ce caisson gagna le surnom de Boîte noire.
Frank Wittman, professeur en psychologie et spécialiste des états altérés de conscience, rejoignit l’équipe. Son rôle consistait à étudier les impacts de l’isolement sensoriel sur les sujets. 

Surtout si c’est allumé, de Gabriel G. Meyer

Pour le mois qu’allait durer mon stage à la capitale, j’étais certain de passer un séjour confortable ici et puis il a fallu que je tombe sur cette étrange note.
Interdiction formelle de monter au grenier, surtout si la lumière est allumée. Avec le « surtout » souligné. L’ensemble est imprimé sur une feuille A4 laminée et collée dans le couloir à la patafix. Je décroche la note et la relis plusieurs fois. En bas à droite, il y a un logo que je ne reconnais pas : une sorte de barque minimaliste voguant sur trois vagues et un trait vertical pour symboliser le batelier.

Un étrange malaise se love dans mon estomac. Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? 

Vol et hologrammes, de Milena Hornam

— Le vol a eu lieu dans la partie real and unique du musée. Je dois vous donner les consignes pour cette zone.
Viper peste tout bas. Évidemment. Une œuvre volée ne pouvait venir que de cet endroit-là ! Les real and unique constituent le cœur des musées, où sont stockées les pièces originales. Si les familles visitent plutôt les parties tous publics et ses hologrammes, les amateurs d’art ne jurent que par le réel.
Et en général, quand on veut être authentique…on interdit les HPE. Exposer son vrai visage ? Elle serre les bras autour de son corps et le tissu de sa petite robe blanche et légère se froisse sous ses doigts. Merde.

Fiat (500 nm) lux, de Juliette Rimetz

Évidemment, en plein après-midi dans la nuit noire de cette route de campagne, l’effet starlette de la Fiate 500 Rivva requérait une certaine imagination. 
Il faisait d’ailleurs nuit depuis un paquet de jours. 482 pour être exact et de ce fait autant de nuits. Alors que l’on cultive des bintjes à Saint-Martin-lez-Tatinghem ou que l’on flambe son héritage dans les casinos de Monaco, cela revenait au même : la nuit, tous les hommes sont gris. Et quand la nuit s’éternise un peu trop, les hommes gris deviennent affamés. À l’intérieur de l’habitacle garni d’acajou, la conductrice secoua la tête d’effroi, les mains crispées sur le volant finition cuir immaculé. Un nouveau virage.

Azra-Nour, Jean-François Vivicorsi

La lumière crue de la Lune presque pleine éclairait les abords du lac tout en les peuplant d’ombres profondes et fantastiques. L’heure approchait et Bogdan était seul, assis dans sa barque, dos au lac. Tout brûlant d’excitation, il avait somnolé quelques minutes tout au plus.
Soudain, venue de l’arche où ils s’étaient quittés, elle parut. Silhouette blanche trouant les ténèbres. Azra-Nour.
Bogdan se releva brusquement, ayant soudain pris conscience qu’il aurait davantage de prestance debout plutôt qu’avachi dans sa barque. Il la regarda s’avancer, fasciné par l’apparition angélique. La puissance de ses émotions lui troublait la vue, et l’Arabe se présentait à lui auréolée d’une douce lumière qui effaçait les lignes et les contours.

Gardeflammes, d’Antoine Bernadet

— Tu t’es jamais demandé pourquoi on est là ?

Je lève les yeux vers Luum. Il est campé en haut de la colline, la hampe de sa lance fermement plantée dans le sol, le regard rivé sur les bâtiments paisibles de l’Enclave en contrebas. Les couleurs flamboyantes du Crépuscule éternel se reflètent sur son plastron et ses cheveux blonds irréprochables. Pour la centième fois, je me dis que quand même, il a sacrément la classe. La prestance du vétéran, du type qui a dévoué sa vie entière à une seule cause.
Moi, je suis toute nouvelle, et quand je vois Luum, le capitaine de la Gardeflamme, excusez du peu, j’ai des paillettes dans les yeux et de la soupe dans les biceps. Je me racle la trogne pour trouver un truc malin à dire.
— Quoi ? Ben, on… on fait notre boulot. On défend la Flamme. Non ?
— Ouais, peut-être. Mais contre quoi ? Contre qui ?
Ce jour-là, j’ai appris que derrière sa belle gueule d’affiche de propagande, Luum est un sacré tocard.

La Solitude des étoiles, de Cécile Matt

J’ai appris, de KeoT

— Monsieur, nous avons un problème.
Certes.
— J’écoute.
Le type est parti dans une explication à rallonge sur tout un tas de termes techniques, dont j’ai retenu qu’une chose que je savais déjà, vu qu’il m’appelait sur ce téléphone qui me rendait nostalgique des années 90.
J’ai quand même sorti mon smartphone pour vérifier de mes propres yeux. Les autres autour de moi ont fait de même.
Pas de réseau. Pas de connexion.
Bergmann a grincé entre ses dents :
— Bon Dieu.
Pour une fois, j’étais d’accord avec lui.

Étherval, c’est aussi :

• LInterview de Sylvie Poulain, autrice du diptyque Confluence.
•  Article de YanK l’Innommé sur  des trois jeux de rôle.
• Un article de Didier Reboussin sur  Wannsee, BD à contexte historique de Fabrice Le Hénanff
• Jeu dont vous êtes le héros de Pierre Sensfelder.
• Des conseils de lecture des membres d’API
• Les Missives d’Etherval