ÉTHERVAL 7 : La glace
« Nix vallis »
(Le Val enneigé)
Sortie le 13 décembre 2015 !
Notre sélection regroupe sept auteurs pour notre version papier, auxquels viennent s’ajouter deux auteurs pour la version numérique.
- Catherine Loiseau (Les Jeux de la glace)
- Julie Limoges (L’Ascension)
- Luce Basseterre (L’Enfant d’hiver)
- Yann Quero (À la surface noire de la glace)
- Marie Tétart (Blanc Perçant)
- Florent Naud (Analgésies)
- Audrey Aragnou (Tête de bocal)
et en supplément numérique :
- Stéphane Lesaffre (Europa)
- Ria Laune (La petite faucheuse)
Quoi de plus agréable lors d’une froide journée d’hiver que de se blottir au chaud, enroulé dans une couverture et de lire un ouvrage ? Et même l’été, l’idée d’un petit vent frais venu de lointaine contrée enneigée est plaisante à imaginer.
Cet Etherval consacré à la glace se veut plus détendu que lors des précédents numéros. L’aventure épique ou dramatique reste certes au rendez-vous, car ce type de récits nous tient à cœur, mais nous avons également sélectionné une série de textes plus enjouée.
Commençons de façon joyeuse et sportive, avec les « Jeux de la glace » de Catherine Loiseau. Cette auteure est désormais une habituée de la publication dans Etherval, cependant, à chaque fois, elle a su nous étonner en proposant de nouveaux univers et atmosphères. Cette fois-ci, elle nous propose de suivre la très brillante (catastrophique ?) équipe gobeline de patin sur glace.
Julie Limoges nous avait déjà fait frémir dans « La mère de toutes les mères »(Etherval n°3), emporté dans un univers sombre de SF dans « Mains de Mort » (Etherval n°4) et emmené au bout d’une fuite haletante dans « Express pour Kavir » (Etherval n°6). Dans Nix Vallis, elle nous convie à une « Ascension » épique de tout un peuple à la recherche de sa terre idéale.
Audrey Aragnou nous invite à découvrir un récit très décalé, voire étrange. Il s’en dégage pourtant beaucoup d’humour et d’humanité. Venez donc vivre une joyeuse colocation avec Arthur, l’homme à « Tête de Bocal »
En revanche, rigueur et science sont au rendez-vous de la « Surface Noire de la Glace » de Yann Quero. Le réchauffement climatique et ses conséquences sont au centre de nos préoccupations actuelles. Encore faudrait-il que les solutions pour résoudre ce problème ne s’avèrent pas pire que le mal à combattre…
À travers le récit numérique « Europa » de Stéphane Lesaffre (qui nous avait déjà enchantés avec « Bleu au-delà » dans Etherval n°5), l’esprit pionnier des scientifiques reste à l’honneur, même quand les dieux s’insurgent, sinon l’empire romain n’aurait pas survécu pendant plus de vingt-trois siècles, n’est-ce pas ?
Parfois, le danger ne se cache pas loin. Au coin d’une rue, à la lueur d’une allumette qui brûle sans aucune chaleur… Ria Laune nous l’affirme dans sa nouvelle numérique « La Petite faucheuse ». Méfiez-vous donc du visage angélique d’une petite fille, il ne traduit plus qu’une colère froide. Qui prendrait le risque de lui tendre la main ?
« L’Enfant d’Hiver » de Luce Basseterre a pour sa part grandi dans l’amour de ses deux protecteurs au sein d’une Provence médiévale qui jamais n’a connu d’hivers si vigoureux. Son avenir s’avère cependant difficile au milieu de la méfiance et de la médisance des habitants…
Et pour ceux qui n’en peuvent plus de la pureté de la neige et cherchent la chaleur à tout prix, la société Ignis, de Florent Naud, est prête à vous vendre son stock. « Analgésies » de tous vos maux garanties.
Ce numéro d’Etherval ne pouvait finir autrement que dans une mer aussi blanche que les cols de ses montagnes, une teinte vive, aussi perçante que l’esprit de ceux qui la parcourent et fuient. Marie Tétart nous offre en point d’orgue à travers « Blanc Perçant », un récit qui mène ses héros au bout de leurs limites.
Etherval, c’est aussi des conseils de lecture, des jeux et ses missives. Bonne lecture à tous !
Les Jeux de la glace, de Catherine Loiseau
Les elfes, qui ne perdaient jamais une occasion de prouver à quel point ils dominaient tous les autres peuples, raflaient presque toutes les distinctions. Ils demeuraient d’ailleurs invaincus dans la discipline phare : la danse sur glace. Bien évidemment, le roi Kild avait désigné volontaire Yorgl pour entraîner les patineurs. Le gobelin avait dû offenser une divinité pour mériter ce sort.
— Comment est-ce qu’on va pouvoir battre les elfes sur leur terrain ? gémit Yorgl.
— Ils se montrent plus beaux et gracieux que nous, je te l’accorde. Mais je maintiens que nous pouvons gagner, objecta Hooex.
Les prestigieux jeux de la glace, organisés par les Ases, ont lieu tous les dix ans. Pour cette édition, le roi Kild du royaume gobelin s’est mis en tête de participer. Pire, il a chargé Yorgl, son fidèle ingénieur de remporter l’épreuve phare : la danse sur glace. Mais avec des patineurs maladroits et des intrigants ligués contre lui, Yorgl a-t-il une chance ?
Ascension, de Julie Limoges
Elle savait aussi qu’à la sortie de ce tunnel providentiel, elle retrouverait la paroi venteuse de la tour de glace. Celle qu’ils avaient tous appris à détester. Les bourrasques redoutables qui la balayaient forçaient la cordée à profiter des boyaux ou des brèches pour sécuriser son ascension, comme aujourd’hui. Dès qu’ils s’en extrairaient, le glacier recommencerait à les harceler, à coup de chutes de blocs gelés, de failles instables ou de glace friable.
Lui, toujours plus haut, toujours plus dangereux. Chacun de ses tunnels traversés, chacune de ses crevasses franchies ne laissaient de répit que le temps de progresser de quelques petits mètres. Les prouesses de leur cordée ne possédaient plus le goût de la victoire depuis plusieurs semaines. La moindre réussite précédait un autre obstacle. Inlassablement.
Eanna guide les siens le long des parois d’un glacier hostile. Elle trace le chemin emprunté par les centaines d’hommes et de femmes encordés à sa suite. Leur procession forme une ligne de vie qui ne doit jamais se rompre ou se perdre, malgré les crevasses, les bourrasques et le froid. Gravir ou périr, lutter jusqu’à l’épuisement.
Pour, un jour, atteindre le sommet.
Tête de bocal, d’Audrey Aragnou
« Cherche colocataire n’ayant pas peur des araignées, pour rompre isolement. »
L’histoire avait commencé ainsi. Peintre en bâtiment, Patoche avait répondu à l’annonce accrochée dans la cage d’escalier de l’immeuble où il travaillait. Fatigué lui aussi de la solitude, il avait donc rencontré Arthur Perdu, l’homme à la tête de bocal rond — une rareté.
L’entretien s’était tenu dans le salon et Patoche, enchanté par la douce chaleur qui régnait dans la pièce, rencontra Agathe : l’araignée qui vivait dans le bocal (ou la tête d’Arthur, selon le point de vue). Le jeune homme s’en excusa.
— Lorsque j’étais enfant, un poisson rouge habitait ma tête. J’avais fréquemment des trous de mémoire, cela me dérangeait. Passant un beau jour devant un miroir, j’ai trouvé Agathe à sa place.
Depuis que le froid a emprisonné les terres sous son manteau de glace, les hommes ont quitté les villes pour chercher un lieu épargné par les neiges. Dans les cités abandonnées se côtoient ours, morses et les derniers membres de l’humanité. Ceux qui diffèrent par leur aspect ou par leur mode de pensée. Ainsi Patoche, peintre en bâtiment, s’emploie au quotidien à mettre de la couleur sur les murs de ce monde abandonné, tandis qu’Arthur s’occupe de nourrir son araignée Agathe de jambon. Un jour, cependant, Arthur a très mal au bocal… Et c’est le monde de leurs certitudes et habitudes qui se trouve soudain fissuré…
La Surface noire de la glace, de Yann Quero
En cette veille de Noël, le paysage de cendres s’étendait, lugubre, par-delà la baie à double vitrage du bureau de Mickaël Sørensen au Centre polaire danois. Cette noirceur projetait sur son long visage osseux une ombre qui reflétait son anxiété de manière tristement opportune. Quel désastre ! se dit-il en passant sa main dans la courte brosse de ses cheveux blonds virant au blanc. Il avait espéré sauver l’humanité, quitte à sacrifier l’espace vital des phoques, pingouins et autres manchots. Au lieu de ça, il se trouvait en bonne voie pour devenir un des principaux fossoyeurs de sa propre espèce.
La surface du pôle est devenue noire suite à l’expérience menée par des ingénieurs et de glaciologues de Copenhague. Est-ce un acte volontaire de malveillance ? Une conséquence non prévue par la spécialiste en nanites de l’équipe ? Le souci, c’est que Dariâ Shafahi soufre d’un syndrome d’Aspenger. Or, l’essentiel pour éviter la catastrophe serait de parvenir à communiquer en bonne intelligence…
Europa, de Stéphane Lesaffre
En exclusivité numérique. L’édition papier vous y donne accès.
Je descendis donc et portai mon regard vers l’avant, au-delà de deux légionnaires inquiets qui montaient la garde. À une dizaine de pas de moi, le paysage subissait une cassure assez nette. Le givre recouvrait les feuilles, produisant des reflets immaculés, et le goudron de la voie luisait de verglas. Même de là où je me trouvais, je sentais un fond d’air glacial s’insinuer jusqu’à nous. Aucun bruit ne troublait le silence, comme si toutes les bêtes avaient depuis longtemps déserté cette contrée maudite. Au loin, les volutes d’une inquiétante brume flottaient paresseusement.
Dans le cadre de son programme spatial, l’empire romain a envoyé une sonde sur Europa, lune de glace de la planète Jupiter. Les précieux échantillons sont de retour sur Terre. Les meilleurs scientifiques vont maintenant pouvoir se mettre au travail. Les prêtres prétendent que les dieux du Panthéon pourraient prendre ombrage de ces recherches, mais qu’importent les superstitions, la science doit avancer ! De toute façon, il n’y aucune raison pour que la situation dérape.
Absolument aucune.
La Petite faucheuse, de Ria Laune
En exclusivité numérique. L’édition papier vous y donne accès.
Comme il faisait froid cette nuit-là ! Les flocons de neige tombaient sur la ville plongée dans l’obscurité. Emmitouflés dans leur manteau d’hiver, les passants se pressaient sur les rues pavées du vieux quartier. Dans une ruelle à l’écart de la foule, une petite fille aux cheveux bouclés marchait pieds nus. La fillette avançait sans hâte, indifférente au vent glacial. La vengeance et la colère, voilà ce qui l’animait au-delà du trépas.
À un carrefour, elle s’assit entre deux maisons, à l’affut de sa future victime. Le quartier regorgeait de recoins sombres et de lieux mal fréquentés, la proie idéale finirait par se présenter. Ce n’était qu’une affaire de temps, dont elle disposait à volonté. À chacune de ses apparitions, le même rituel se répétait. Elle errait, sa petite boîte d’allumettes à la main, vestige de son existence passée. Le vague à l’âme, elle saisit l’une des tiges de bois et la frotta contre le carton usé.
Elle gratte le bout de son allumette, sans que jamais rien ne réchauffe son âme. Les souvenirs l’agressent et aiguisent son désir de revanche. Il ne s’agit pourtant que d’une petite fille, un peu comme cette autre gamine qui erre dans le quartier sans se rendre compte des dangers des ruelles sombres.
L’enfant d’hiver, de Luce Basseterre
Benoit était heureux, dans son élément. Débarrassé des vêtements surnuméraires, il glissait sur la glace. Les canards s’envolaient à son approche pour se reposer un peu plus loin, dépités que leur étang soit figé. Lui s’amusait. Parfois, il devinait un poisson curieux ou encore une anguille. La neige ne tombait plus. Le soleil chassait les derniers nuages et allumait plus d’étincelles scintillantes.
— Par tous les saints !
Le père François et l’ancien croisé Mathieu ont trouvé en un soir particulièrement glacé d’hiver un nouveau né. Un petit garçon curieux et affectueux qui est fasciné par la glace et le froid. Seulement, les bizarreries de l’enfant inquiètent. Et dans les petits villages de Provence, les langues mesquines savent où trouver une oreille attentive…
Analgésies, de Florent Naud
Quand les nuages se désagrégeaient dans le ciel et tombaient sur le village en rideaux blancs, Caelis souriait et s’emparait des étoffes glacées qui échouaient dans ses paumes. Elle tricotait alors des vêtements de neige à ses sculptures qui s’y emmitouflaient pour garder un peu de froid lorsque la chaleur suintait des embrasures du bâtiment d’Ignis.
Pour les habitants de Lécrin, chaque jour est une épreuve. Étripés par le froid, ils doivent aussi faire face au choix qui menace d’écharper ce qui leur reste d’âme : protéger Caelis, la princesse pouilleuse du village et ses figurines de glace animées, ou s’abandonner à l’entreprise d’Ignis, remplie comme une futaille de promesses de confort et de chaleur.
Blanc Perçant, de Marie Tétart
Il lui prit la lampe des mains et la poussa sans ménagement sur le côté, en direction de l’issue secrète que bloquaient de gros sacs en toile de jute. Le temps qu’il dégageât le passage, elle resta étourdie, comme si elle s’était cognée dans sa chute. Les poursuivants, muets, arrivaient dans les ténèbres. Anton ouvrit la porte, haute jusqu’à ses cuisses, puis saisit par un bras la gamine terrifiée et la jeta dans le trou. Derrière le voile de lumière de la lampe à huile, les silhouettes de ses frères étaient celles de géants noirs.
» Tu n’iras pas loin, Anton. Au bout de ce passage, c’est la glace. Le froid. La mort.
» Ne m’y suivez pas, alors.
Anton a commis un crime atroce et il se retrouve traqué jusqu’aux confins les plus froids du royaume. Une jeune fille, Siegrid, se retrouve prise dans sa fuite. Que révélera cet épuisant périple dans la neige et la glace ?
Les contributeurs du numéro 7 : Le Val enneigé « Nix Vallis »
Auteurs : Audrey Aragnou, Luce Basseterre, Ria Laune, Stéphane Lesaffre, Julie Limoges, Catherine Loiseau, Florent Naud, Marie Tétart, Yann Quero
Illustrateurs : Alxperiment, Asthenot, Chap’eau rouge, Yanis Cardin, Lea Cluzel, Marc Dufosset, Iwa, Nourmalala, Putevie, Raccoon
Articles : Andréa Deslacs, l’équipe d’Etherval pour les Missives, Thomas Spock
Interview de Claire Krust par Emilie Querbalek
Acteurs (audio) : Chriss Apadémak, Andréa Deslacs, David Kabar, Stéphane Lesaffre, Iphégore Ossenoire, Rémi Przybylski, Amandine Thorrignac
Mise en page : Morrigan (PAO), A.D (epub-mobi)
Correctrice : Rachel Fleurotte, Hermine Lefebvre
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